Jovenel Moïse et l'ADIH discutent de la relance de la production nationale
Publié le 2017-05-16 | Le Nouvelliste
Le président Jovenel Moïse s’est entretenu au Palais national avec une délégation de l’Association des industries d’Haïti (Adih) sur la relance de la production nationale, a confié au journal Georges Sassine, mardi 16 mai 2017. La lutte contre la contrebande, qui prive l’Etat de 600 millions de dollars l’an, la réciprocité dans les échanges commerciaux avec la République dominicaine, l’harmonisation du tarif extérieur de la CARICOM ont été évoquées à ces discussions. L’Adih a aussi remis au chef de l’Etat quatre études sur ces questions de grande importance pour l’économie nationale, a expliqué l’industriel Georges Sassine, président de l’ADIH. « Nous avons un début de collaboration avec l’exécutif. Nous voulons qu’elle soit plus étroite », a poursuivi Georges Sassine, motivé par le parti pris du chef de l’Etat pour la production nationale. La présentation du secteur industriel et agricole et son potentiel de croissance, la contrebande à la douane du port et la frontière, les propositions de solutions, les relations commerciales avec la République dominicaine et un éventuel nouveau tarif douanier étaient au menu de la réunion. Cette réunion sur les efforts pour relancer la production nationale a permis de voir en profondeur la nécessité d’une politique commerciale, a confié au journal Peterson Benjamin Noël, ambassadeur d’Haïti à la CARICOM et membre du cabinet du président Jovenel Moïse. L’impact de l’alignement sur le tarif extérieur de la CARICOM pour l’économie nationale, la lutte contre la contrebande à travers, et le jumelage des douanes haïtienne et dominicaine ont été discutés. Au regard du potentiel de croissance du secteur industriel et agricole du pays, de telles mesures peuvent entraîner quelque 100 000 nouveaux emplois au cours des prochaines années, a souligné Peterson Benjamin Noël. Le président a promis tout son support aux initiatives pour encourager la production nationale, a-t-il expliqué. La réunion de l’ADIH avec le président Jovenel Moïse intervient après une conférence-débat organisée mi-avril sur les « enjeux et perspectives de la renégociation de la liste des concessions tarifaires de la République d’Haïti à l’Organisation mondiale du commerce (OMS) » . La conférence-débat entre les acteurs, importateurs, producteurs, pouvoirs publics répond à un besoin de modification tarifaire. Il constitue aussi et surtout un signal fort envoyé par le secteur privé en faveur de l’emploi, avait résumé Bernard Craan, président du Forum économique du secteur privé. « Il y a un besoin de mettre nos tarifs douaniers au même niveau que les pays de la CARICOM. En tant qu’Etat membre, nous sommes assujettis au tarif extérieur commun », avait-t-il détaillé, soulignant « qu’Haïti a le plus faible tarif de la région ». Par exemple, sur les produits agricoles, le tarif extérieur commun de la CARICOM est de 40 % tandis que nous chargeons en Haïti un maximum de 15 %. Plus de taxes impliqueraient plus de ressources pour le Trésor public et la réduction du déficit budgétaire. Certaines filières agricoles seront un peu plus protégées. Il y aura des possibilités d’augmenter les investissements dans ces filières. « C’est une incitation à la production nationale », avait-il indiqué, soulignant qu’il y a cependant un risque d’augmentation de prix pour les produits importés. Maintenant, il va bien falloir évaluer l’impact. Il n’y a pas de gros problèmes sur les filières où la capacité de production locale est évidente, a soutenu Bernard Craan. Le pays consomme à tout casser plus de 400 000 tonnes métriques de riz. Il en produit quelque 100 000 et importe plus de 300 000 tm3, a illustré Bernard Craan, estimant qu’il y a des incitatifs à donner pour que les producteurs locaux augmentent progressivement leur production. Des signaux sont déjà envoyés. La BRH a déjà commencé à envoyer le signal en permettant à des institutions financières intermédiaires d’octroyer des crédits à certains secteurs tels que le secteur agricole à taux d’intérêt subventionnés sur des délais assez longs et en monnaie locale. Ceci est une incitation à la production, a expliqué Bernard Craan. Il y a d’autres incitations à donner pour augmenter la capacité de production, le rendement à l’hectare est très faible, l’amélioration du circuit de distribution pour éviter que les pertes après récolte ne soient aussi énormes. Les pertes après récolte en Haïti dépassent facilement les 50 %. Ceci doit être réduit à un maximum de 10, 15 % pour permettre aux producteurs d’augmenter leurs revenus, pour que la population ait accès à des produits de meilleure qualité. C’est un package, a dit Bernard Craan. Selon ce dernier, « pour que ce tarif soit revu, il faut notifier l’OMC de ce qu’on appelle les tarifs consolidés, c'est-à-dire les tarifs maxima qu’Haïti doit charger si elle décide de modifier son tarif douanier actuel ». Il a aussi souligné qu’Haïti est un PMA disposant de « la latitude de mettre des droits de douane différents que les autres pays du CARICOM qui sont plus avancés que nous au niveau de leur PIB. Il faut des mesures d’accompagnement à l’augmentation tarifaire. Par exemple, sur le crédit. On ne peut pas parler d’augmentation tarifaire sans parler d'accompagnements comme la loi sur le crédit-bail, l’annulation de cette disposition qui empêche les agriculteurs de livrer leur terre comme collatéral pour obtenir du crédit des institutions financières. Il faut aussi résoudre le problème foncier, a longuement expliqué Bernard Craan. L’ADIH et le forum lancent un appel fort. Le secteur privé veut la consolidation des bases de production nationale pour créer plus d’emplois et plus de richesse, avait-il soutenu.
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