Haïti - Économie : Les ventes de rhums haïtiens gagnent du terrain en République Dominicaine

Haïti - Économie : Les ventes de rhums haïtiens gagnent du terrain en République Dominicaine
08/04/2015 10:23:18

Alors que les producteurs de Rhum dominicain, se plaignent des charges fiscales élevées (60% de taxes par bouteille) et de la baisse des ventes, la commercialisation de rhum de contrebande, particulièrement haïtien prend de l’ampleur sur les étagères de plusieurs commerçants dans la capitale. Des bouteilles de différents format et des marques comme Bakara, Green Label, Maréchal et le traditionnel Barbancourt, se vendent entre 50 à 700 pesos.

Ces rhums ont pénétré à un tel point le marché que cela a changé le goût des Dominicains comme le confirme un commerçant, qui affirme vendre le rhum haïtien autant à des clients dominicains qu’haïtiens.

La Direction Générale des Douanes (DGA), le Ministère de l'Industrie et du Commerce et d'autres autorités dominicaines, constatent que malgré les efforts qui sont faits pour empêcher l'entrée illégale de ces produits, les mesures sont insuffisantes, même si la DGA qualifie les résultats de la lutte contre ces produits de contrebande d’ « extrêmement positif », rappelant que l'année dernière, la DGA avait intercepté et détruit plus de 7,500 cartons de boissons alcoolisées de contrebande.

Gregory Lora, le Conseiller du Directeur Général des douanes, souligne que dans la zone frontalière, les infrastructures physiques ont été renforcées, le personnel est formé en permanence et des opérations permanentes sont menées pour lutter contre le commerce illégal de boissons alcoolisées.

Les entrepreneurs dominicains affirment que la concurrence déloyale et la contrebande fait partie des principaux facteurs qui influent sur la compétitivité des entreprises nationales dominicaines et est responsable de la baisse des ventes formelles.

De son côté, Altagracia Paulino, Directeur de l'Institut national pour la protection des droits des consommateurs dominicain (Pro-Consumer) a exprimé récemment sa préoccupation, lors du lancement d'une campagne contre la falsification, la contrebande et l'évasion fiscale du rhum et des cigarettes, qui visait les commerçants et les consommateurs. Il s’est dit conscients de l'impact négatif de ces produits sur la santé et les recettes de l'Etat « Nous sommes très préoccupés par l'entrée dans le pays de certaines substances qui peuvent nuire à la santé de la population [...] »

Toutefois, il est à noter que si la contrebande du rhum haïtien est responsable de pertes fiscales pour le Gouvernement dominicain (qui ne fourni aucune estimation chiffrée), l'industrie nationale se plaint également de l'augmentation de la fraude fiscale dans le marché du rhum. Indiquant qu’entre janvier et décembre 2014 plus de 3 millions de litres d’alcool produits localement, ont été vendus sans être déclaré à la Direction Générale des Impôts, une perte estimée pour le Trésor public, à plus de 800 millions de pesos...

SL/ HaïtiLibre